Le site de l’ouvrage est celui du centre-ville de Maisons-Laffitte, bourg en région parisienne sur les coteaux boisés de la vallée de la Seine. On dit de lui qu’il est le centre équestre de l’Ile-de-France. Le futur ouvrage doit remplacer la passerelle piétonne existante, obsolète, qui permet le franchissement du faisceau ferroviaire pour accéder à la place du marché depuis les quartiers sud de la ville.
Cette unique fonctionnalité ne saurait constituer l’unique enjeu du projet, tant il est trivial. En revanche, si on resitue ce projet dans le contexte plus large de l’analyse que nous en avons fait dans le chapitre « matrices », nous pouvons lui conférer une valeur dépassant largement celui d’un simple ouvrage de franchissement.
Car tout projet doit être, en cette période historique, l’occasion de servir de levier à des actions d’ajustement écologique du développement urbain d’un territoire. En l’occurrence, il peut sembler opportun de contribuer au lancement de la filière du bois de construction d’Ile-de-France car celle-ci est actuellement éparpillée, peu valorisée, pour tout dire largement sous-employée dans la construction de génie civil. En effet, si celle-ci commence à prendre son essor dans le domaine du bâtiment, cette dernière est dérisoire dans celui des ouvrages d’art par pusillanimité conceptuelle, rigidité réglementaire et difficulté d’approvisionnement. Or, le paradoxe est que la région francilienne est largement pourvoyeuse de ce matériau, principalement de chêne, de châtaignier, de robinier, etc…, tout bois naturellement imputrescible. Nous renvoyons le lecteur au chapitre « cycles » pour se faire une idée de l’intérêt de son utilisation, même pour des structures dont on attend une forte pérennité.
Par ailleurs, Maisons-Laffitte se trouve sur un versant très boisé de la vallée de la Seine et constitue de ce fait un lieu d’activité équestre idéal. C’est pourquoi sa vocation dans ce domaine est déjà installée, revendiquant même d’en être la capitale française. Dans la réalité, la géophysique encore présente de ce territoire naturalisé abrite une faune et une flore dont la qualité est reconnue. Ainsi, il est opportun de se servir du projet de passerelle comme un emblème de cette vocation, de par son exposition, son caractère public et l’attachement qui pourrait découler d‘une expression écologique.
C’est bien la biodiversité qui pourrait être le paramètre physique de la matrice des lieux, à la condition que sa morphologie urbaine s’oriente dans ce sens (corridors de déplacement de la faune, usages de matériaux de construction la renforçant, itinéraires équestres urbains, abris et services rendus à la faune et la flore, hydrologie qui leur est favorable, etc…). Habituellement, ce type de projet de passerelle donne lieu à de fausses prouesses technologiques, un design compliqué et peu durable ou tout simplement des solutions technico-économiques indigentes. Là, l’architecture pourrait retrouver un rôle externe à sa propre fonctionnalité qui serve le territoire au-delà de la simple emprise du projet.
Finalement, l’analyse du site du projet se confond avec celle des enjeux qu’il soulève.